Pour commencer je tiens à remercier Phill Brown pour ses mémoires de tournée si détaillées ainsi que Phil Palmer pour ses précieuses anecdotes et bien sûr Murray Head pour sa collaboration.
En septembre 1980, Murray Head organise une tournée qui démarrera au Canada et se poursuivra en France. Il fait appel à son ancien ingénieur du son, Phill Brown, avec qui il a étroitement collaboré
en 1972 pour Nigel Lived, son premier album. Il a maintenant un nouveau manager, Michael Deeny, une nouvelle maison de disques, Phonogram, et un nouvel album, Voices. Ses récents succès en France et au Canada ont de plus donné un élan considérable à sa carrière et sa renommée.
Le groupe de musiciens est composé de Trevor Morais à la batterie (The Peddlers, Björk, Howard Jones), Alan Spenner à la basse (Joe Cocker's Grease band, Kokomo), Alun Davies à la guitare (Cat Stevens), Peter Veitch aux claviers (Penguin Café Orchestra, Café Jacques), Geoffrey Richardson
à la guitare et à l'alto (Caravan) et enfin Dyan Birch aux choeurs (session player, Kokomo).
Après plusieurs semaines d'arrangements et de répétitions, le groupe s'envole pour le Canada le 3 octobre pour une tournée de un mois. Dès leur arrivée au Canada, le choc culturel est énorme.
Alors qu’ils déjeunent dans un restaurant autoroutier ou « truckstop », sur le parking, une petite voiture avec une énorme tête de caribou attachée au capot attire leur attention. Curieux d’en connaître les propriétaires, ils attendent que le restaurant se vide pour se rendre compte, avec stupéfaction, qu’elle appartient à un couple accompagné de leurs deux enfants.
La musique est fédératrice et la tournée est un succès. Elle leur aura aussi permis de rôder le groupe.
De retour à Londres, Michael Deeny annonce que la tournée française à venir sera retardée. C'est
une déception mais ce break de deux mois a aussi permis à Murray de modifier sa formation : Phil Palmer (session player de Tina Turner et Eric Clapton et futur membre de Dire Straits) remplace Alun Davies à la guitare et la séduisante choriste Ginny Clee remplace Dyan Birch.
Le 28 janvier 1981, le groupe part pour une tournée française de un mois. Les musiciens, Michael Deeny et son assistant voyagent dans un travel Cruiser de 10 mètres de long qui a appartenu à Trevor Morais. Ils peuvent s'y restaurer et y dormir. En comptant les compagnes de certains musiciens, ils peuvent être une douzaine à bord. Quant à elle, l'équipe des techniciens - Ernis Costasczuk aux coulisses, Phill Brown et Doug Beveridge, ingénieurs du son, Craig Sherwood, ingénieur du moniteur de scène, Mick Bullock et Lyn Scoffin, ingénieurs aux lumières - voyage dans deux camions contenant 12 tonnes de matériel.
Ils ont d’abord tenté d’enregistrer l’album à Lamballe mais le studio Davout leur loue un studio mobile ayant appartenu à Johnny Hallyday. En guise de studio, il s’agit d’une camionnette contenant deux magnétophones Studer mal attachés qui ballotaient en route et dont les bandes magnétiques étaient tendues.
Finalement, l'album live Find the Crowd a été enregistré sur les concerts de Clermont- Ferrand,
Aix-les-bains et Lyon et une vidéo a été tournée à Paris pour promouvoir l'album.
Le groupe et ses équipiers sillonnent la France en long et en large pendant les deux mois de tournée et logent souvent à Lyon à l'hôtel Frantel (aujourd'hui le Radisson Blu Hotel situé en haut de la célèbre tour lyonnaise surnommée "le crayon"). A la nuit tombée, Phil Palmer photographie la ville de sa chambre et ses clichés seront mis en scène sur la pochette de l'album. Les autres nuits, ils dorment dans les villes qui les accueillent ou dans le travel Cruiser.
Après quelques semaines, Murray se blesse à plusieurs reprises et s'enrhume. Il se fait désormais injecter de la cortisone avant chaque spectacle en raison d'une angine.
La tournée s'achève le 23 février. Une semaine plus tard, l'album live Find the crowd est terminé et mixé le 2 mars aux Farm Yard Studios de Londres.
La tournée a été un grand succès pour Murray qui est ensuite très sollicité pour des vidéos, des disques, des interviews télévisées et des concerts.
Michael Deeny décide que le groupe fasse ensuite une pause de quatre mois pour se regrouper à nouveau sur une tournée française de trois mois au mois d'aout.
Pendant cette pause, Murray continuera les interviews radio et les apparitions télévisées.
La dernière semaine d'aout, les répétitions reprennent et s'achèvent le 5 septembre.
Tim Renwick (Aretha Franklin, David bowie) remplace Phil Palmer à la guitare et Stan Coles
devient le nouveau manager de la tournée.
Ces changements mis à part, ce sont le même groupe et la même équipe de techniciens qui
prennent la route.
La tournée est programmée en majorité en France mais avec quelques dates en Italie, en Allemagne, aux Pays Bas et en Belgique.
Le groupe, comme les concerts sont maintenant bien ficelés et rôdés avec une mise en scène sophistiquée et de plus en plus spectaculaire.
Il y a une combinaison de batterie électronique et classique associée à des percussions et un ensemble d'instruments qui comprend un piano, un orgue, un accordéon, une mandoline, des
guitares acoustiques et électriques et un alto.
Les musiciens doivent souvent changer d'instrument très rapidement pendant les deux heures du spectacle en fonction des chansons de Murray qui voyagent du folk au rock. La présence des deux multi-instrumentistes Geoffrey et Peter permet d'assurer la transition avec brio.
Dans sa loge, Murray prépare consciencieusement tous les gags qui émaillent le show, chargeant
son pistolet d’alarme, bourrant ses poches - et celles de ses musiciens – de confettis, lustrant ses chapeaux, dont un splendide huit-reflets, essayant une dernière fois son masque de Giscard d’Estaing avec lequel, balai en main, il doit faire le lever de rideau.
Lorsque les musiciens montent sur scène, c’est tout juste si on le remarque au pied des escaliers placés au milieu du décor. Quelques marches plus haut, un large cerceau tendu de papier que le
corps de Murray crèvera plus tard. La soirée prend des allures de cirque, la musique prime toujours face à un public béat d’admiration.
Il interprète des chansons de son répertoire classique telles que Say it ain’t so, Last days of an empire et certains titres de son album Nigel lived. Il livre aussi des interprétations de morceaux de Lennon, des Rolling Stones ou de Gary Numan.
Muni d’un micro sans fil, il déambule sur deux titres au milieu d’un public conquis.